samedi 18 décembre 2010

Géographie de la Guerre d'Espagne


Cette carte publiée par Libération assortie d'un article de présentation en date du 20/21 novembre 2010 arrête l'oeil. Elle est extraite de l'Atlas de l'Espagne, publication récente des éditions Autrement.

Tous ces cercles font exploser à la vue le nombre et la répartition des victimes de la Guerre d'Espagne par Province et par communauté autonome. Il y manque les Canaries, qui elles-aussi ont payé leur tribut de plusieurs centaines de morts.

Où l'on voit notamment que ce conflit a bien concerné l'ensemble du pays, et certaines régions de manière fort importante. La carte relativise aussi cette idée que c'est la Catalogne qui vient dans les premiers rangs en nombre de victimes, peut être à cause de Guernica et/ou de sa frontière commune avec "notre" Catalogne.

Où l'on voit aussi l'étendue et les ravages de ce conflit sinistre, qui servit de terrain d'entrainement aux troupes nazies.

samedi 11 décembre 2010

Petite philosophie de l'intempérie



On le sait depuis les travaux d'Henri Laborit, vulgarisés dans le film d'Alain Resnais Mon Oncle d'Amérique, quand une contradiction n'est pas résolue globalement, par le haut, ceux qui en sont victimes ensemble s'incriminent les uns les autres, jusqu'à s'agresser mutuellement voire s'entretuer. C'est l'image de la cage électrifiée dans laquelle les rats se battent entre eux parce qu'ils ne peuvent pas matériellement arrêter les décharges électriques qu'on leur envoie arbitrairement, sans raison aucune.

Cette semaine d'intempérie a permis de constater des comportements analogues : mais que font les pouvoirs publics locaux pour déneiger, de préférence devant chez moi et tout vite pour que je puisse aller au travail sans problème, comme si c'était l'été, s'exclame le citoyen-contribuable. Mais on ne peut pas acheter des dizaines de véhicules anti-neige pour trois jours d'intempéries par an, répondent les pouvoirs publics !

Et si l'on commençait par remarquer que l'allongement des temps de trajet domicile-travail, la désertification des zones rurales, la concentration des entreprises à proximité immédiate des grandes villes dans des zones dédiées, voire en plein centre-ville, l'absence ou l'insuffisance de transports collectifs, la multiplication exponentielle des transports routiers de marchandises étaient les premières causes des naufrages de la route ?

Et si l'on ajoutait le fait que, dans le système actuel, un litre de carburant dépensé dans les embouteillages est doublement bon pour la croissance économique, puisqu'après avoir été acheté, il doit être remplacé sans avoir servi à rien.

Ah oui, pour le cas où vous n'en auriez pas entendu parler aux informations, puisque les grands médias ne parlaient que du temps, pendant que le nord de la France était ainsi bloqué par la neige, le énième sommet pour la Terre se tenait à Cancun, avec son lot de frustrations, d'égoïsmes nationaux et de faux-semblants. Bon dimanche à tous.



samedi 4 décembre 2010

De quelle couleur est la Révolution ?



A l'occasion de la publication du livre de Michel Pastoureau, grand historien des couleurs, Libération relève dans son numéro du 20 novembre l'omniprésence en RDA de ce brun indéfini, passablement désagréable et quasiment inédit "à l'ouest" comme on disait à l'époque. Passant un peu de temps dans ce pays, on ne pouvait en effet qu'être marqué par le changement des codes de couleurs que l'est imposait : nos yeux habitués aux vives couleurs des affiches publicitaires, des vêtements, des voitures, des devantures commerciales étaient d'un seul coup plongés dans une monotonie à dominante brune et plutôt terne. Le régime imposait AUSSI ses couleurs.

Intéressante question, de savoir quelle est la couleur de la révolution. Et pas anodine du tout : l'histoire de la Révolution française a été celle du passage du blanc du lys royal à la cocarde tricolore enserrant ce blanc de bleu et de rouge. Plus récemment, la révolution ukrainienne fut orange. Et ainsi de suite.

En RDA, la couleur de la révolution fut au final le triste brun communiste que Michel Pastoureau décrit dans Les couleurs de nos souvenirs.

A Cottbus, en RDA, fin 1989. PHOTO J.P. GUILLOTEAU. ROGER-VIOLLET

Libération - 20/11/2010

Un brun communiste
Commentaires de Michel Pastoureau recueillis pas Natalie Levisalles

«Je suis allé en Allemagne de l’Est assez tardivement, peu avant la chute du rideau de fer et, là, j’ai vu pour la première fois des nuances de couleur qu’on ne voyait pas en Europe de l’Ouest. C’était à la fois intéressant et douloureux. Ces nuances n’étaient pas très réjouissantes, elles étaient même désagréables, notamment l’une d’entre elles, difficile à définir, une sorte de brun violacé grisé moutardé. Je l’ai vue sur des vêtements, notamment des imperméables et des pulls, sur des vélos, des bus, des rames de métro. Je me suis demandé comment les industries parvenaient à obtenir une telle nuance de couleur, très désagréable à l’œil.

«On sentait que cette nuance se voulait fonctionnelle et peu salissante, mais c’était vraiment quelque chose de douloureux, insoutenable, brutal, fruste, et elle faisait contraste avec des couleurs violentes qu’on avait mises ici ou là pour, théoriquement, égayer la vie, mais ces autres couleurs étaient beaucoup trop vives. C’étaient des grands aplats de jaune, rouge, bleu clair, vert… C’est une idée que les urbanistes de l’Ouest avaient également dans les quartiers pauvres : pour égayer la vie quotidienne, on peint des murs ou des bâtiments de couleurs vives, c’est amusant pendant trois jours, et ensuite, les habitants redemandent du blanc et même du gris, tellement c’est insupportable, ces couleurs violentes qui vous entourent toute la journée.

«Cette couleur, je l’ai revue par la suite en Pologne, comme si c’était une spécificité de l’Europe de l’Est. Un héritage d’une époque plus ancienne ? Dans l’Allemagne nazie, elle aurait, à mon avis, été assez à sa place pour souligner le caractère abominable du régime.

«Je n’ai pas pu la faire nommer par mes interlocuteurs. L’un d’entre eux avait un imperméable de cette couleur, dans une matière synthétique, il me disait "grau", mais je voyais bien que ce n’était pas seulement gris.

«Il y a un mot allemand qui caractériserait bien cette couleur, mais qui n’a pas d’équivalent en français, c’est urfarbe, une couleur sauvage, venue du fond des âges et ayant survécu malgré tous les progrès de la teinture et de la peinture au fil des siècles.»


samedi 27 novembre 2010

Acharnement, le retour


Souvenez vous de cette illustration bloggée ici



Et bien oui, l'inventeur s'est signalé. Ce gros clin d'oeil est celui d'un...opticien installé quelque part en région Centre et même pas en Auvergne.


Mais que fait donc l'association des producteurs de fromages auvergnats pour contrer cette sinistre récupération ????


Et, pendant que nous y sommes, je viens de retrouver au fond d'un tiroir ce médicament. Ouf, il n'est pas périmé !!

En attendant la révolution: Acharnement

En attendant la révolution: Acharnement: "Oh que j'aurais aimé l'inventer, cette parodie en forme de gros clin d'oeil, et en gros sabots paysans. Rendez vous mardi pour manifester, ..."

Cette femme est dangereuse !


Mais quelle enquiquineuse, cette défenseure des enfants ! Il était grand temps de la faire disparaître pour noyer l'institution qu'elle représente dans le fourre-tout du futur "Défenseur des droits" (encore ?) promis à Kouchner ou à Jack Lang ou on ne sait bien plus à qui pourvu que...


Ceux qui ont loupé les épisodes précédents se reporteront à ces messages précédents pour être éclairés :
http://enattendantlarevolution.blogspot.com/2009/09/defendons-la-defenseure.html
http://enattendantlarevolution.blogspot.com/2010/06/droit-de-suite-defendons-la-defenseure.html


N'en décolérons pas !

Ancienne membre des gouvernements Raffarin au début des années 2000, Dominique Versini aura su jusqu'au bout, et malgré les attaques passablement odieuses dont elle est régulièrement victime, incarner avec dignité, constance et conviction l'institution "Défenseure des enfants" supprimée au mépris de tous les engagements internationaux de la France, et notamment ceux relevant de la Convention internationale des Droits de l'Enfant adoptée le 20 novembre 1989 par l'Assemblée générale de l'ONU.

20 novembre, vous avez dit 20 novembre ? Mais que se passait-il au juste ce 20 novembre 2010 ?


samedi 6 novembre 2010

Cycle utopies réelles (9) : les Cités-jardins


Le cycle utopies réelles du blog devait faire une place aux cités jardins, qui relèvent à l'évidence de la tentative de concilier intérêt collectif et individuel, dans de multiples expériences urbanistiques bien réelles dont la plupart existent encore, dans des configurations - pour une fois en matière d'utopies - pas trop éloignées de leur projet initial...


Les photos de ce message sont prises dans le quartier du Chemin vert à Reims, Ville dans laquelle plusieurs cités jardins ont été construites à la faveur de la reconstruction d'après première guerre mondiale.





Dans l'ensemble on peut être frappé par la pertinence du concept et sa durabilité, au sens littéral du terme. Plus d'un siècle après l'apparition du concept et de ses nombreuses applications urbanistiques, la forme urbaine de la cité-jardin reste à l'évidence vivable, reconnaissable et pertinente, compte tenu des tendances actuelles de l'habitat : densifier sans surpeupler, assurer la proximité des services et, par un urbanisme à taille humaine bien étudié, encourager une convivialité élémentaire suffisante pour que la collectivité publique ne se trouve pas dans la situation de prendre en charge toute la vie collective, et surtout ses dysfonctionnements.





Deux modulations toutefois qui vieillissent le projet : d'une part la place réservée à l'automobile, notoirement insuffisante, mais comme partout. Qui avait prévu, il y a plus d'un siècle, l'envahissement de la ferraille mobile ?


D'autre part, la quasi-absence des commerces de proximité, pourtant indispensables dans une économie durable. Les centres commerciaux périphériques, couplé à la généralisation du déplacement motorisé, les ont ravagé : peut-on augurer du fait que les difficultés de la grande distribution signifient un retour en arrière ? Pas sûr...


Il reste que les cités jardins sont une des formes les plus pragmatiques, efficaces, et bien réelles, d'un projet collectif ménageant une place à tous et soucieux du bien vivre ensemble qui est loin, très loin, d'être épuisé.





jeudi 4 novembre 2010

Grèves anti-Sarko : portfolio décalé

Le site américain FreakingNews lance régulièrement des concours d'illustration sur des thèmes particuliers auxquels les internautes chevronnés de la palette graphique peuvent répondre en proposant leur contribution.

Le thème de la grève a fait l'actualité du site fin octobre. Extraits.

Les grenouilles [français en argot US] en grève !
Disséquez nous maintenant !

Désolé, nous sommes fermés pour cause de mouvement social



En grève ! Horaires mal foutus, salaire terrible,
pas de bénéfices ! Portez vous même votre torche !

Et enfin, cette petite approche du problème des retraites façon US, trouvée cette fois sur le site Worth1000.com, qui fonctionne sur le même principe que le précédent :

Recession : vous n'étiez tout de même pas en train d'imaginer prendre votre retraite non ?

jeudi 21 octobre 2010

Mme Thatcher, where have you been ?




On savait qu'on pouvait faire difficilement plus différents en Europe que Français et Anglais... mais l'actualité d'hier nous en offre une illustration énorme.

Le nouveau, juvénile et très conservato-libéral gouvernement de nos amis d'outre Manche, comme on dit, annonce hier un plan d'austérité draconnien, prévoyant la suppression de pas moins de 500 000 emplois publics, la retraite à 66 ans pour tous, une hausse de la TVA et tutti quanti.

Premier étonnement : mais à quoi donc ont servi les années 1979 à 1990, où régnait la terrible Mrs Thatcher ? Ces années ont infligé aux anglais, et notamment aux plus modestes d'entre eux, une cure d'austérité longue, féroce et méthodique, ayant globalement conduit à la désorganisation de tous les services publics, à l'enrichissement des plus puissants, et à la précarisation du plus grand nombre, sur fond de mondialisation à tout crin, de finance toute puissante et de prix de l'immobilier totalement fous. Les gouvernements travaillistes suivant ont à peine infléchi cette pente. Il en résulte un taux d'endettement des particuliers énorme, ayant conduit à la crise que l'on sait dans sa version British, par certains aspects bien plus grave qu'en France.

Alors, à quoi ont servi toutes ces années d'austérité, puisque l'Angleterre ne s'en sort pas vraiment mieux que la moyenne des autres pays européens ? La souffrance des plus défavorisés en plus. Comprenne qui pourra...

Deuxième étonnement : que lit-on dans la presse britannique de ce jour sur le sujet ? Rien, ou presque, à la Une. Et le Times qui en rajoute en manchette : cela ne suffira pas !

Si le capitalisme était une classe d'école, c'est bien le Royaume uni qui serait au premier rang. Pas même les Etats Unis. Et la capacité de renoncement de ce peuple apparaît abyssale. Mais il est vrai que le grand mensonge libéral promet à chacun une possibilité de réussite qui est dans les faits réservée à quelques uns. Une société du loto, en somme. Malheur aux perdants, qui sont évidemment l'immense majorité !

Une autre question ?

(ces unes sont du 22 octobre, le lendemain de l'annonce du plan d'austérité enhaurme)



dimanche 10 octobre 2010

Acharnement


Oh que j'aurais aimé l'inventer, cette parodie en forme de gros clin d'oeil, et en gros sabots paysans. Rendez vous mardi pour manifester, encore et encore. Quelques indices bien fondés laissent à penser que, l'exaspération grandissant, la mobilisation ne faiblira pas... et qu'elle ne sera pas dirigée uniquement sur la question des retraites. Qui vivra...

samedi 18 septembre 2010

Chérie, le Président a rétréci !




Alors celle là, il ne fallait pas la louper, la une de The Economist de la semaine dernière que voilà. Nos amis libéraux d'outre-manche ont donc sérieusement revu à la baisse les espérances qu'ils fondaient sur Sarko pour convertir la France à l'ultra-libéralisme.

En effet, on n'oubliera pas la une d'il y a quelques années :


Sic transit. Si même les libéraux anglais lâchent Sarko, après l'ONU, l'Union européenne, les USA, les Pays africains et le Pape...

Le Président qui rétrécit est un clin d'oeil évident à cette autre une d'un autre grand magazine. Il s'agissait de Bill Clinton en 1993, une année après son accession à la Présidence, empêtré dans ses difficultés intérieures concernant la mise en place d'un système de santé, et par l'engagement catastrophique de l'armée américaine en Somalie - Restore Hope, cela s'appelait.



samedi 11 septembre 2010

62, pas de quartiers !




Voilà, c'est fait. L'assemblée nationale, sous la pression sarkoziste, vient de voter la retraite à 62 ans, démentant la promesse électorale du guignol de l'Elysée - mais il est vrai qu'il n'en est plus à une guignolade près - et introduisant dans le dispositif de protection sociale la plus flagrante des inégalités : celle des conditions de travail. 62 ans pour tout le monde, aberrant ! Et ce sont les mêmes qui ont voté cela, qui vous expliquaient naguère que la société où tout le monde faisait la même chose en même temps par décret du méchant Etat interventionniste, c'était bien fini, promis-juré-craché.

Pour le coup, fixer un âge relève bien de la fixation idéologique et de la volonté d'en découdre avec les partenaires sociaux, dans un style à la hussarde qui ne portera à l'évidence pas chance à ses inspirateurs. Dans une société raisonnablement dirigée, qu'est ce qui empêchait au juste de réfléchir, vraiment et collégialement, à un système à modulation, où chacun gardait la possibilité de choisir sa retraite, selon ses aspirations et son style de vie souhaité ?

Quant au financement de la chose, elle repose en effet à 90% sur les salariés, et parmi eux d'abord sur les plus défavorisés. Super politique !

Enfin, prenons date : la gauche clame partout qu'elle rétablira les 60 ans dès qu'elle le pourra. Chiche ?


mardi 7 septembre 2010

Défiler ou rentrer son bois ?


C'est l'automne, c'est jour de grève. Assez de cette politique de remise en cause systématique de tous les acquis sociaux au bénéfice des plus riches, toujours à leur bénéfice.

Mais que faire ? 5 m3 de bois coupé à 33 cm (c'est triple travail) à rentrer - il pleut - alors qu'il faudrait aller défiler.

Et puis ce besoin de faire quelque chose de concret, de tangible, de mesurable : le bois est rentré, rangé, protégé.

Mais l'honneur est sauf : la grève, c'est ne pas aller travailler, même si on ne défile pas.

samedi 28 août 2010

Haro sur les Roms - Au secours, intelligence, où es-tu ?

Il y a ” rom ” et ” rom ”

Il y a deux acceptions de l’ethnonyme ” rom “. Tout d’abord, le mot ” rom ” (pluriel roma) a été choisi par décision du congrès mondial Romano, réuni à Londres le 8 avril 1970 pour désigner l’ensemble de l’ethnie originaire de l’Inde et dont les premiers représentants sont arrivés en France en 1419, quand Jeanne d’Arc faisait ses premiers pas. Ce terme générique désigne l’ensemble de l’ethnie : Sinte-Manush (Manouches), Gitans (ou Kale), Le’Roms, etc.

Le terme a été déposé ultérieurement au bureau de l’ONU, à New York, par une délégation conduite par l’acteur Yul Brynner. Ce mot avait été choisi en raison du fait que, d’une part, les termes ” tsigane ” ou ” gypsy ” avaient un sens péjoratif dans certains pays et, d’autre part, parce que le mot ” rom ” avait, dans tous les dialectes, le sens d’” homme ” ou ” époux “.

Dans cette acception, il n’a donc rien à voir avec la Roumanie.

En second lieu, certains Tsiganes des pays de l’Est se désignent traditionnellement par le mot ” rom “. En particulier les Tsiganes de Roumanie, dont certains ne sont arrivés que très récemment en France. Voilà donc ce qui entretient une certaine confusion dans les médias.

J’ajouterai que l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan avait confirmé la reconnaissance du peuple romans en tant que ” nation sans territoire “, et Indira Gandhi, ancienne première ministre de l’Inde, comme ” les enfants émigrés ” de son pays.”

(..)

Jean-Claude Mégret (Brive la Gaillarde)




Voici précisément ce qu'il fallait expliquer sur les Roms : il s'agit d'un courrier de lecteur du Monde publié le 11 août, au creux de l'été. Mais sans doute l'esprit de nuance et d'intelligence se marie-t-il mal d'une part aux mauvais calculs politicards, et d'autre part au sensationnalisme populiste de la plupart des médias.

Heureusement, il semble bien que l'électorat français, à qui il doit rester tout de même quelques bribes de discernement malgré ce décervelage en règle ne suive pas du tout celui qui se croit encore son leader, si l'on en croit les derniers sondages.

Un site de référence sur ces questions se trouve ici et les images ont été repiquées ici.



mardi 24 août 2010

Duane Hanson : troublante vérité



L'artiste américain Duane Hanson pousse l'hyperréalisme jusqu'au bout : ses statues grandeur nature sont aussi vraies que nature. Elles présentent tous les spécimens d'un rêve américain évanescent : femme de ménage, jeune surfeur, touristes fatigués, hommes et femmes de tous les jours, sans apprêt. Leur point commun : un regard et une attitude traduisant l'épuisement, le désenchantement, la déconvenue...


Le spectateur est vite troublé par cette empathie que lui arrachent ces mannequins de résine et de fibre de verre. Tragique revanche pour eux, ils ont fini par tuer leur créateur. Duane Hanson est mort en 1996 d'un cancer provoqué par les produits qu'il manipulait pour les créer.




Le sujet que je préfère, ce sont les personnes ordinaires des classes populaires et moyenne de l'Amérique aujourd'hui. Pour moi, la résignation, le vide et la solitude de leur existence captent la véritable réalité de la vie de ces gens : voici résumé le parti-pris de l'artiste par lui-même, en 1977. Troublante hyperréalité. Troublante vérité ?







mardi 3 août 2010

Pompier pyromane : le clown devient dangereux



Ivre du désamour des Français à son égard, sonné par les mauvaises performances de son gouvernement dans tous les domaines, secoué par les affaires répétitives qui mettent en cause, les uns après les autres, tous ses appuis, le locataire de l'Élysée a cru bon se fendre d'une série de déclarations haïssables, désignant à la vindicte publique les ennemis de l'intérieur qui l'empêcheraient de faire notre bonheur.

J'ai nommé d'une part les Roms, Tziganes, Gitans, Gens du voyage... On ne sait plus trop - les voleurs de poules, quoi - et d'autre part les criminels d'origine étrangère à qui il faudrait retirer la nationalité française, créant du même coup une espèce de sous-catégorie de français : les français d'origine étrangère... jusqu'à quelle génération exactement ? Faudra-t-il ensuite entrer dans une sinistre comptabilité d'encore plus sinistre mémoire : demi-français ? quart de français ? 8° ou 16° de français ?

Un peu irresponsable, de jouer ainsi avec les allumettes, tel le pompier pyromane, qui allume le feu pour légitimer son statut sans pouvoir ensuite le contenir, embrasant toute la forêt.

Gageons que le vieux fond de rationalité populaire ne se laissera pas attraper par ces grosses ficelles gesticulatoires, et qu'il renverra à la première occasion l'intéressé à ses propres foyers. Bon débarras.

En attendant, regrettons qu'un Président de la République française, par pure démagogie, joue ainsi avec les valeurs fondamentales garanties par la Constitution et les engagements internationaux de la France, avilissant ainsi la fonction.

Ou faut-il n'y voir que les dernières armes d'un monarque aux abois, qui ne sait plus à quoi s'accrocher pour éviter de se noyer dans l'impopularité ou bien pour conjurer sa trouille immense de devoir répondre d'éléments de son passé peu reluisants et de choix politiques catastrophiques ?

Assurer la sécurité publique demande de l'humilité, de l'intelligence, des stratégies à moyen et long terme, du respect et la valorisation réelle de ceux qui sont chargés de ces tâches.

Certainement pas de la haine, des rodomontades, des promesses creuses et des idées reçues au comptoir du café du commerce. En plus, stigmatiser tous les individus d'une population pour la seule raison qu'ils appartiennent à cette population, cela a un nom : le racisme.


vendredi 30 juillet 2010

Antipodes

Question : quel est ce pays, dirigé par un premier Ministre femme de moins de 50 ans qui parle de taxer les riches, d'aider les plus modestes et milite ardemment pour la mise en place d'une taxe carbone ? Quel est ce pays, qui ignore le chômage ou quasiment et dont les comptes publics étaient excédentaires jusqu'il y a très peu ?

Il s'agit de l'Australie, dont le gouvernement est conduit par la travailliste Julia Gillard depuis le 24 juin, pourtant née dans la vieille Europe (Elle est arrivée de Grande Bretagne à l'âge de 5 ans).

Un pays aux antipodes, en somme !

L'Australie est un grand pays...

...dont les autres peuples de l'hémisphère sud toujours gentiment
soulignent les grands inconvénients d'y habiter...

...mais dont il faut peut-être réviser la place.

samedi 3 juillet 2010

Le grand festival du N'importe quoi, Youpie !




Quelle abondance ! N'en jetez plus ! Pour qui suit l'actualité française de ces dernières semaines, le grand feu d'artifice du grand n'importe quoi a ébloui les esprits.

Grand n'importe quoi politique avec les tribulations gouvernementales et présidentielles au royaume du conflit d'intérêt, de la confusion des intérêts individuels et collectifs, de la fausse vertu offensée : ben quoi, ce que j'ai fait est légal, ou presque... Je suis Ministre quand même !

Grand n'importe quoi sportif avec les avanies de nos millionnaires en short en Afrique du Sud pour la coupe du monde de football. On philosophera plus tard sur la signification du jeu sportif dans les sociétés modernes. Pour l'heure, on se contentera de relever la déficience insigne de toute instance susceptible d'avoir une quelconque responsabilité dans l'affaire.

Les Guignols de l'info, citons les puisque nous sommes dans les guignolades, ont proposé le 21 juin une intéressante synthèse de ces deux n'importe quoi.

Quant au Canard Enchaîné, qui décidemment fait office de première institution garante de la démocratie dans ce pays, il s'en donne évidemment à coeur joie.





République bananière avions nous dit ? Certes, mais trois étoiles, alors, moyennant ce Président qui a perdu les pédales.

Ou devons nous maintenant conclure qu'il est devenu complètement fou, gavé de courtisaneries, farci des avis ineptes de ses conseillers, confit par les relations avec ses richissimes amis, discrédité par ses incessantes déclarations contradictoires et une communication catastrophiquement maladroite. Autrement dit, complètement à l'ouest (là où sont les beaux quartiers) d'une société qu'il ne comprend pas, pas plus qu'elle n'accepte son style - sans même parler de sa politique ?

La fin du règne risque d'apparaître maintenant comme fort longue. Bon Tour de France en attendant.





vendredi 18 juin 2010

Attention : télé d'utilité publique

La télé n'est pas qu'un instrument d'aliénation, hélas. La BBC sait nous le rappeler par ses fantastiques reportages, évidemment ignorés, sauf rare exception, par nos franchouillardes étranges lucarnes.


Une mention remarquable doit être ici décernée à une série de reportages produite par la télévision publique britannique et présentée par un globe trotter vedette, Simon Reeve.




Son look d'ado à peine vieilli ne doit pas faire illusion : Simon Reeve a déjà à son actif pas mal de reportages et de vécu journalistique, et tout particulièrement une enquête publiée à la fin des années 90 sur le premier attentat contre le World Trade Center, en 1993 et dans laquelle il mettait en évidence la personnalité d'un certain... Ousama Ben Laden. Pas mal vu.


...publié en 1998...


Revenons à la série Tropic of Cancer, puisque c'est son nom. Le principe est simple : voyager le long du tropique du cancer, d'est en ouest, en commençant par le Mexique et en finissant par Hawaï. La réalisation en revanche est beaucoup plus compliquée : Simon Reeve et son équipe doivent jongler avec les visas, les interdictions, les frontières closes, qu'il faut contourner longuement - comme pour arriver au Sahara occidental dans la partie habitée par les Saharaouis, de l'autre côté du mur construit par le Maroc en plein désert - ou qu'il faut carrément transgresser en toute illégalité, quand il passe en Birmanie, ou encore carrément impossible à franchir sans gros ennuis, comme la frontière chinoise, qui lui fut fermée sans espoir de recours.


C'est que Simon Reeve dispose de qualités tout à fait particulières qui le rendent assez vite persona non grata pour les officiels : un sens aigu de l'injustice et une capacité de réaction à la destruction de la planète.


Au Mexique, il montre une mine géante à ciel ouvert creusée par une société canadienne... juste à côté d'un village ancien, au risque de l'engloutir pour de vrai. Au paradis pour touristes que sont les Bahamas, il trouve le moyen d'approcher les immigrés haïtiens qui en sont les véritables parias et y vivent, eux, dans des conditions épouvantables...


Au Maroc, il n'a de cesse de nouer le contact avec les représentants des institutions saharaouies pour illustrer ce qu'est, concrètement; la domination et la séparation d'un pays et d'un peuple en deux. Tout y passe, tout au long du voyage : la perte de la culture nubienne en haute Egypte, noyée sous la modernité du barrage d'Assouan, les conditions de vie esclavagistes faites aux travailleurs immigrés du sous continent indien et qui construisent Dubaï dans l'ignorance de tout droit social, les ravages de la mousson en Inde, compte tenu du réchauffement climatique...



Au Bangladesh, il filme, concrètement, ce qu'est la vie d'un enfant de 5 ans, employé d'une verrerie, mort de fatigue, exposé à tous les dangers du feu, des brulures, de la chaleur intense... Ouf, on ne sort pas indemne de ces reportages, traités pourtant avec un allant et une pêche d'enfer dont on sent que la motivation fondamentale est une formidable volonté de faire exploser au grand jour les injustices, les hypocrisies, le cynisme des Etats et des acteurs économiques mondiaux. Bref, les aspects les moins reluisants de notre monde. L'empathie en plus; ou, comme on disait autrefois, la sympathie humaine, manifestement non feinte.


Toujours accompagné d'un habitant du pays visité - mais sans mandat officiel, Simon Reeve expose la réalité, ses causes, et la perception qu'il en constate localement. Un espèce de jeune Michael Moore dont le pays serait le monde entier.


Voila qui nous change en tout cas de la soupe tiède servie en France par ceux qui filment du ciel ou qui prônent une écologie officielle bien proprette.


Simon Reeve avait déjà proposé sur la BBC une série de reportages sur le même principe en 2006, en suivant l'équateur, puis en 2008, en suivant le tropique du Capricorne.En 2003 déjà, il avait aussi mis en oeuvre une série de reportages sur les pays d'Asie centrale drôlement intitulée Meet the stans (rencontre avec les -stans) et en 2005, une série sur les pays qui n'existent pas (Places That don't exist), du genre Transnistrie, Ossétie du sud, Nagorny Karabach. Un gars plutôt intéressant, non ?


Le meilleur du meilleur de la télé, à visionner à partir d'internet bien sûr en attendant... A quand sur une chaîne française ?


Voir ci dessous quelques extraits.