samedi 28 juin 2008

La technique des réformes : l'exemple de la Sécu



Réforme, réforme, réforme : notre Président a ce mot à la bouche constamment, comme une incantation. Mais que signifie ce mot exactement ? Pour tout dire : rien ! Voici un bel exemple de mot valise, que chacun peut investir à sa guise de la signification qu'il veut.

Pour l'heure, le mot a pour fonction essentielle de masquer sous un vernis moderniste les politiques antisociales et brutalement réactionnaires que le gouvernement de ce jour mène cyniquement en faveur des possédants, dans une très classique politique de droite qu'on ne croyait plus possible depuis le début du XX° siècle !



Toutes les maximes de la mystification libérale sont là : "enrichissez vous par le travail et par l'épargne" ; "plus le gâteau des possédants est gros, et plus les pauvres ont de chance d'en récupérer les miettes" ; "les pauvres sont quand même un peu pour quelque chose dans leur pauvreté puisque dans une société libérale, tout le monde a sa chance" ; "pourquoi brider le libre renard dans le libre poulailler ?" etc.



Comme disait un grand professeur de géographie récemment fréquenté : "Jamais je ne ferai confiance à un Président qui n'a été que Maire de Neuilly sur Seine !". Au moins les prédécesseurs avaient-ils un ancrage local fort qui pouvait les ramener à la réalité : Lille, puis Colombey, Saint Flour, Chamalières, Chateau-Chinon, la Corrèze. Et il ne s'agit pas de nostalgie : juste d'écoute et d'attention à une société diverse, majoritairement constituée de personnes modestes qui méritent chacun une égale dignité par principe et à qui il ne s'agit pas de servir des balivernes et du bling bling... Sarko aura du mal à changer la France avec ces méthodes démagogiques et peu vraisemblables, alors espérons que la France arrivera au final à le changer !

Pour illustrer le propos, voici la dernière chronique de Philippe Val, sur France inter, qui décrit de manière hilarante la technique gouvernementale du moment appliquée à la Sécu. Mieux vaut en rire, encore une fois !





Philippe Val

vendredi 20 juin 2008

A propos des Jeux Olympiques


Attention aux Grecs quand ils manifestent !

Tony Perrottet
New York Times
12 avril 2008

S'agissant de protestations à propos des jeux olympiques, les manifestants de Londres, Paris ou San Francisco sont plutôt un peu fleur bleue si on les compare aux anciens grecs. A l'époque classique en effet, les protestataires savaient vraiment comment désorganiser une cérémonie olympique.

En 364 avant J.C., des soldats ont envahi le stade d'Olympie et une belle bagarre eut lieu. Il s'est agi de la collision la plus dramatique de l'histoire entre la politique et le sport. L'organisation des jeux, selon Xénophon, avait été enlevée des Elians, ceux qui habituellement invitaient, et remise aux Pisans, une peuplade voisine – et les Elians n'étaient pas contents. Ils ont décidé d'envahir la fête pendant son point d'orgue, quand des milliers de spectateurs venus de toute la Grèce assistaient joyeusement à une compétition de lutte.

Les Pisans et leurs alliés les Arcadiens firent retraite dans le sanctuaire sacré d'Olympie, disposant leurs archers sur son toit, mais les Elians prirent l'avantage et des combats au corps à corps s'ensuivirent dans l'enceinte sacrée dédiée à Zeus elle-même.


Les amateurs de sport n'en ont pas été émus. Selon Diodore, la foule « portant encore ses habits de fête et des guirlandes de fleurs dans les cheveux » ont observèrent les combats de leur place, « en applaudissant impartialement les performances de chaque côté »

Cette violente manifestation eut des suites notables. Les Elians ont été contraints de se retirer, mais les jeux suivants se sont déroulés à nouveau sous leur contrôle.

Aujourd'hui, nous admirons l'ancien idéal olympique, placé au dessus des rivalités. Les grecs avaient institué en effet une « trêve sacrée » pour permettre aux athlètes et aux spectateurs de se déplacer pour les jeux, ce qui était quelque chose, dans un pays constamment agité par les guerres intestines. Cela dit, ils ne respectaient pas toujours cet idéal.

Il y eut des embargos et boycottages. Les Spartiates ont été interdits de jeux olympiques en 420 avant JC, pendant la guerre du Péloponnèse (un spartiate qui s'était clandestinement invité aux jeux fut fouetté pour cela). Vingt ans après, Sparte a créé à nouveau d'autres troubles en organisant une campagne guerrière en pleine trêve sacrée. Elle en fut taxée d'une « mine » par soldat impliqué dans la campagne, l'équivalent aujourd'hui peut-être de 5 millions de dollars. Et en 380 avant JC, les athéniens boycottèrent les jeux quand un de leur athlètes fut scandaleusement convaincu de corruption – ce qui n'est vraiment pas la cause la plus noble.

Même durant des temps plus pacifiques, la politique était toujours là, avec des orateurs qui haranguaient les immenses foules pour l'occasion. En 388 avant JC, un orateur du nom de Lysias parla contre le tyran Denys de Syracuse, arrivé sur place avec un équipage plutôt tapageur, ce qui provoqua la mise à sac du luxueux campement royal par les amateurs de sport déchaînés.

Cependant, ces mouvements de protestation étaient des exceptions à la règle. Aujourd'hui, nous sommes toujours en admiration pour les anciens jeux qui se sont tenus régulièrement tous les quatre ans pendant plus de dix siècles. Par comparaison, nos jeux olympiques modernes ont été annulés trois fois au cours de leur courte histoire pour cause de guerre : en 1916, 1940 et 1944.


Qu'est-ce qui pose problème de nos jours ? Peut-être déjà cette idée moderne de localiser les jeux dans un pays différent à chaque fois. Dans l'antiquité, ils se tenaient toujours au même endroit : en ce lieu sacré qu'était Olympie, dans un coin reculé du Péloponnèse – et ils étaient organisés toujours par les mêmes hôtes, à l'exception du pépin notable de l'année 364 avant JC. Ce système avait un avantage remarquable : les Elians étaient une peuplade sans importance politique et ils se tenaient la plupart du temps à l'écart des grands conflits qui divisaient la Grèce à l'époque.

Peut-être pourrions nous court-circuiter les sempiternelles protestations concernant nos jeux olympiques en leur choisissant un lieu d'accueil permanent, chez une nation que personne ne pourrait sérieusement contester comme le Liechtenstein, la Nouvelle Zélande ou l'Etat indépendant des Samoa. Avec un hôte permanent identique, les cérémonies d'ouverture des jeux ne pourraient plus être utilisées comme démonstration de fierté nationaliste.

Une fois l'hôte permanent sélectionné, il s'agirait de n'en jamais choisir un autre pour éviter ce qui s'est passé avec les Elians. Le spectacle des jeux pris d'assaut par des Liechtensteinois enragés serait trop difficile à supporter.

Tony Perrottet est l'auteur de « Les jeux olympiques dévoilés » et prochainement de « Napoléon en privé »

mardi 10 juin 2008

Protestation sociale : de quelques idées reçues sur les retraites



Comme toujours, il faut se méfier des postures idéologiques promues trop rapidement par nos gouvernants. Le cas des retraites est très caractéristique d'une situation où les arguments idéologiques instrumentalisent l'analyse rationnelle pour se donner les apparences de la vérité.

En cette journée de protestation sociale, quelques lectures permettent de remettre les choses dans le bon ordre. C'est à ce titre que l'on reproduit ci-dessous un article d'Alternatives économiques du 23 mai dernier sur le sujet.


Rendez-vous manqué

La loi Fillon sur les retraites, votée en 2003, avait une grande qualité : elle instituait un rendez-vous périodique, tous les cinq ans, entre l'Etat et les partenaires sociaux afin de réviser les paramètres du système. Tout régime de retraite par répartition, parce qu'il est fondé sur la solidarité entre générations, n'est légitime que si les principes qui le fondent ne sont pas constamment remis en cause. Mais il lui faut aussi, pour conserver sa légitimité, anticiper les mutations de la démographie ou de l'emploi susceptibles de menacer sa pérennité.

Ce rendez-vous de 2008 était donc nécessaire. Mais, pour qu'il prenne son sens, encore fallait-il que la négociation soit menée de manière ouverte, sans que ses conclusions soient définies avant toute discussion. Or, dès l'an passé, le gouvernement n'a cessé d'affirmer qu'il était indispensable de porter à quarante et un ans le nombre d'années de cotisations nécessaire pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Cet allongement faisait certes partie des scénarios établis en 2003. Mais l'évolution favorable de notre situation démographique le rend désormais moins incontournable.

Le gouvernement instrumentalise les déficits immédiats de la Caisse nationale d'assurance vieillesse pour justifier cette mesure. Or, ces déficits ne sont pas liés à une insuffisance de la durée de cotisations nécessaire pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Ils résultent plutôt de la faiblesse de l'activité et de l'insuffisant développement de l'emploi qui en découle. Ils s'expliquent aussi par le succès du dispositif décidé voici cinq ans, qui a permis aux personnes ayant commencé à travailler très jeune de partir en retraite de manière anticipée.

Il tient enfin au fait que les objectifs affichés en 2003 en termes d'allongement des carrières des seniors sont loin d'avoir été atteints. Les conditions d'un tel allongement, pourtant bien identifiées à l'époque, n'ont en effet pas été établies : les négociations prévues alors sur la prise en compte de la pénibilité du travail n'ont toujours pas abouti. Or, celles-ci sont un préalable à tout allongement général des durées de cotisations, en permettant aux salariés qui ont subi des conditions de travail difficiles de partir dans des conditions plus favorables. Parallèlement, les entreprises n'ont pas fait l'effort nécessaire pour adapter les conditions et l'organisation du travail et rendre acceptable le maintien en activité de salariés vieillissants.

La progression continue de l'espérance de vie justifie certes d'ouvrir le débat sur un éventuel report de l'âge de fin d'activité via un prolongement des carrières. Imposer un passage à quarante et un ans n'aurait ainsi rien de scandaleux si cela permettait de maintenir, voire d'améliorer, le niveau des pensions tout en évitant une trop forte progression des cotisations prélevées sur les actifs. Mais ce n'est pas la situation présente. L'âge moyen de départ à la retraite demeure autour de 58 ans.

Parce que les salariés âgés n'ont souvent qu'une seule envie : partir le plus rapidement possible en retraite, quand ils ne sont pas poussés dehors par leur employeur, qui souhaite les remplacer par des jeunes parfois mieux formés et, surtout, moins coûteux. Dans un tel contexte, le passage à quarante et un an aura pour principal effet de rejeter dans la pauvreté un nombre croissant de retraités qui ne pourront bénéficier d'une retraite à taux plein.

Philippe Frémeaux

mardi 3 juin 2008

South Dakota, Montana, Obama


Ne dites pas à Hillary Clinton qu'elle a perdu l'investiture démocrate, elle n'est pas au courant. En effet, les très campagnards Dakota du Sud et Montana, qui sont ce moment même en train de choisir leur candidat démocrate, ne pèseront que peu dans le grand calcul ultime : 1.2% pour être précis. Obama est assuré d'ores et déjà de 2 093 suffrages sur les 2 118 requis côté démocrate. Hillary en compte 1916, et les deux Etats représentent en tout et pour tout 47 grands électeurs.

Oui mais après ? Ben, après, c'est fini, tout le monde aura voté pour les Primaires, et, il faudra attendre la vraie élection de Novembre.

Hillary fait penser à ce terminator que nous avons tous vu, et qui n'en finit pas de se battre alors qu'il ne lui reste plus un organe valide...

Bonne nuit, Hillary.


Le Dakota du Sud, c'est l'Etat où se trouve le fameux Mont Rusmore