vendredi 25 septembre 2009

Utopies réelles (5) : la république des enfants de Benposta


Affiches du cirque des Muchachos,
émanation directe de la République des enfants de Benposta
(Afffiches disponibles parmi beaucoup d'autres
sur le site du centre de documentation et d'archives du cirque, Circusnet)

Ce jour de rentrée scolaire est l'occasion d'évoquer les utopies éducatives.

Les utopies éducatives bien réelles furent nombreuses : des missions jésuites du Paraguay au temps de la colonisation espagnole en Amérique du Sud - le blog en parlera bientôt - à toutes les expériences pédagogiques en vase clos et de tout poil du XX° siècle : Ecoles et lycées expérimentaux organisés selon les principes des pédagogues dits autogestionnaires, Libres enfants de Summerhill, Républiques des jeunes, Copainville...

On n'en parle plus beaucoup. Si les idées qui les sous-tendent sont toujours bien vivantes, elles ont eu du mal a pénétrer des sociétés basées sur de tout autres fondements. La plupart des expérimentations sont mortes ont été dénaturées sans jamais avoir été transposées à grande échelle. Il y a sans doute de bien claires raisons à cela.

C'est pourquoi la série proposée cette été sur France info par Emmanuel Davidenkoff est digne d'être remarquée, parce que fort rare, à une époque où l'on confond en permanence éduquer et instruire, et où on fait semblant de considérer qu'enseigner est d'abord un acte technique consistant à déposer dans les esprits une collection d'objets comme sur une table rase...

Triste époque qui ignore à ce point les ressorts fondamentaux des apprentissages sociaux et des interactions humaines.

La chronique du 8 août est spécialement intéressante et elle est reproduite ci-dessous. Il s'y agit de la république des enfants de Benposta en Galice, fondée en 1956 par un prêtre, Padre Silva, et qui mena l'utopie très loin. La République de Benposta n'a pas survécu à son fondateur, mais on trouve encore en Colombie un "Benposta" pour les enfants des rues.

On a envie d'opposer ces utopies généreuses, optimistes, confiantes, à une vision bien plus noire de la nature enfantine. Par exemple celle exprimée dans le célébrissime roman Lord of the flies/Sa Majesté des mouches, qui dépeint une collectivité d'enfants livrée à elle même et qui finit dans l'intolérance et la mort. Rappelons au passage que Sa Majesté des mouches se traduit par Belzebuth en hébreu. Marrant, non ?


Et si la nature enfantine n'était décidément pas si spontanément radieuse ? Et si elle tendait toujours d'abord à écraser l'autre, le maltraiter, le dominer ?

Alors le rôle de l'éducateur n'en est que plus important et l'éducation, loin d'être un acte technicien, devient l'école même de l'humanité et du droit humain, qui, loin d'être innés, devraient donc être considérés comme de très fragiles conquêtes toujours susceptibles d'être anéanties quand les circonstances s'y prêtent. Il s'agit par conséquent de les transmettre par un acte d'engagement qui ne se résume pas à un système de pratiques professionnelles, si parfaites soient-elles. C'est sans doute ce que nous révèlent ces utopies éducatives, pour maladroites et désuètes qu'elles puissent maintenant apparaitre.

France info 8 août 2009





Benposta

vendredi 18 septembre 2009

Défendons la Défenseure !


C'est à ne pas y croire ! Notre bien réactionnaire gouvernement, sous l'éternel prétexte de l'efficacité, projette rien moins que la disparition pure et simple d'une des institutions les plus modernes et démocratique de notre beau pays, la Défenseure des enfants.

Cette disparition est bien évidemment emballée dans une fusion avec celle dirigée par le très bien pensant et très chiraquien Jean-Paul Delevoye, Médiateur de la République.

Lui ne risque pas de déranger quiconque, il n'est qu'à voir la page d'accueil du site internet de la Médiature, alors qu'il faudrait être aveugle pour ne pas voir que la disparition projetée de la Défenseure est liée à ses prises de positions plus sévères et sans ambages contre l'emprisonnement des enfants dans les centres dit "de rétention administrative" à destination des sans-papiers.

Le bazar médiatique autour du tout sécuritaire continue donc, jusqu'à avoir la peau d'une institution publique pour une fois indépendante et non inféodée au Sarko-Circus.


L'institution d'un défenseur des enfants n'est pas née d'une lubie technocratique, elle répond à la convention internationale des droits de l'Enfant, ratifiée par la quasi-totalité des Etats du monde, texte de référence incontournable et incontestable, riche et intelligent.

Porter atteinte à la défenseure en France, c'est insulter l'esprit de démocratie dans le monde entier.

samedi 12 septembre 2009

En attendant la pandémie...


Que gardera l'histoire de cette pantalonnade sécuritaire autour de l'annonce de la pandémie de grippe A/H1N1 ?

Résumons : un tas de déclarations alarmistes dans les médias, une palanquée de circulaires gouvernementales, des achats peu rationnels d'objets censés protéger de l'épidémie... Le tout pour une pandémie certes préoccupante, mais qui ne concerne qu'une banale grippe.

Alors qu'en penser ?

Tout d'abord, on assiste à un certain dévoiement du principe de précaution, principe censé protéger les populations d'abord et non pas servir de couverture aux responsables gouvernementaux par de l'agitation institutionnelle, alors qu'en l'espèce chacun, pour lui même et pour sa famille, pourrait être pleinement responsabilisé dans le traitement de l'affection.

Ensuite, tout se passe comme si cette campagne en préparait beaucoup d'autres. Dans un pays comme la France, où la notion de protection civile a été laissée en jachère pendant si longtemps, faute de moyens, le retard à rattraper est énorme.

Mais alors, pourquoi ne le dit-on pas tout simplement : "Voilà, une pandémie est annoncée, il faut la traiter mais elle n'est pas grave et c'est tant mieux. En plus, cela tombe bien, les procédures à mettre en place pourront resservir à l'avenir au cas où..."

Décidément, Français, encore un effort pour être considérés comme responsables...

En attendant, voici le tube de l'automne, par Dany Moreau !





Le tube de l'automne

dimanche 6 septembre 2009

Utopies réelles (4) : Niagara




Les chutes du Niagara furent depuis leur découverte par les Européens l'objet d'une multitude d'histoires, de controverses, de projets les plus fous. On retiendra notamment toutes les polémiques liées à l'accès aux chutes, longtemps privatisé et payant, puis enfin remis dans le domaine public côté USA et ultra protégé : pas même un Mac Do, les établissements commerciaux se concentrant côté canadien.


Parmi les projets, on compte notamment celui de King Camp Gillette, le même qui a inventé le rasoir à lame jetable et a légué son nom à la fameuse marque de produits de rasage : Gillette, profitant de l'immense source d'énergie que représentait les chutes, avait formé le projet d'une cité idéale complète, placée sous un dome de verre, et où règnerait, bien sûr, l'harmonie universelle. On peut en lire un peu plus en français ici notamment. Retenons aussi que les habitants de cette cité idéale travailleraient en tout et pour tout cinq ans dans leur vie. Pas mal, non ?


Enrichi par les marchés militaires de la première guerre mondiale - il fallait bien raser les poilus - Gillette fut ruiné par la crise de 1929 et ses rêves fourriéristes n'ont jamais vu le jour, même s'il avait appelé sa première boutique "La cité idéale".



Il reste à Niagara des hordes de touristes heureux d'être là - c'est la destination fétiche de tous les jeunes mariés d'Amérique du Nord - et de gigantesques usines hydroélectriques, qui n'ont hélas permis à personne de ne travailler que cinq ans sans sa vie.

Il reste de Gillette, outre son nom mondialement connu, un ranch californien de 240 hectares aménagé pour la promenade familiale et la découverte de la flore et de la faune naturelle situé non loin des hauteurs d'Hollywood, sur Mullholland Highway pour les connaisseurs, qui appartient maintenant à l'autorité qui gère les parcs naturels de Californie.



mercredi 2 septembre 2009

Sauvez nos PDG !

Le grande crise ne pouvait pas ne pas mobiliser l'inénarrable et grinçant Michael Moore, par ailleurs citoyen des Etats Unis, qui prépare la sortie d'un nouveau film dont voici la bande annonce... On a hâte !



Salut c'est Michael Moore
Au lieu d'utiliser ce temps pour vous parler de mon nouveau film,
j'aimerais prendre un moment pour vous demander
de me rejoindre pour aider nos concitoyens Américains.

La récession économique a causé du tort à beaucoup de gens,
des gens qui se sont vu obligés de dépendre des aides du gouvernement,
mais nos services sociaux ne peuvent pas tout faire.

C'est pour cela que je vous demande de mettre la main à la poche
et de donner un coup de main.

Des ouvreuses vont descendre les allées pour recueillir vos donations
pour Citybank, Bank of America, AIG, Goldman-Sachs, JP Morgan,
et une foule d'autres banques et entreprises nécessiteuses.

S'il vous plaît donnez généreusement.
Je sais ce que vous pensez : j'ai déjà donné l'agent du plan de sauvetage
(qu'a fait voté l'Administration Obama Ndt).
Et je le sais bien. Mais même si vous avez déjà donné par le passé, donnez encore plus.
Cela vous fera vous sentir... Bien.


(traduction : Blog "We, the people", de Jacob Maillet, merci à lui !)