mercredi 29 octobre 2008

Grande crise (3) : comment devenir les Etats Unis de France...

... est le titre d'un article de Time Magazine, relayé par le Nouvel Observateur récemment. La presse US, malgré le séisme financier, garde une capacité d'autodérision qui amuse les Européens que nous sommes, même si les douleurs sociales provoquées par l'effondrement du système bancaire et financier sont incommensurables là bas.


Au dela du champ économique et financier, il s'agit évidemment aussi d'une crise centenaire des valeurs de la société US. La petite sélection de dessins présentées ci-dessous en témoigne.

Je veux que tu fasses bien attention : tu vas payer un jour pour tout ça


...Et le prix Nobel de l'économie est attribué à Mme Jones,
qui a gardé ses économies chez elle


- Du calme, mon banquier me dit que l'économie va rebondir...
- ... Mais je SUIS votre banquier

-

- Wall Steet : "Allo, les secours ? Au secours !"
- Gouvernement des USA : "Restez calme, on arrive !!"



- Mais qui est-ce qui conduit ?!?!

- Sarah Palin voit la Russie depuis l'Alaska
- Elle devrait venir voir la vue à partir d'ici !


Aujourd'hui : Pommes bio

Avis au téléspectateur :
Ce programme présente les derniers chiffres de Wall Street
Il peut heurter les personnes sensibles


Armes de destruction MATHives

- Les banquiers et les traders d'abord !

[Freddie Mac et Fannie Mae sont les deux grandes banques US de prêts immobiliers
qui ont été nationalisées en premier.
Taxpayer = contribuable]

jeudi 16 octobre 2008

Pub humanitaire ?

Le pragmatisme des anglais me stupéfie encore et toujours : je n'ai jamais pu m'y faire. Nous, Français, sommes formatés pour mettre d'abord des principes en avant pour ensuite en déduire la légitimité de l'action. A défaut de ce cadre théorique, le doute nous paralyse souvent.

Cette démarche est ressentie comme bien trop idéologique et stérilisante outre-manche. C'est peut-être vrai, au moins en partie, quand on considère ces spots de pub qui passent actuellement sur les chaînes privées britanniques, presque impossibles en France. Je laisse le visiteur apprécier.





mercredi 8 octobre 2008

Grande crise (2) : le dessin du jour

"Jamais je n'aurais du laisser le papillon de nuit prendre la barre, juste pour essayer"
(dessin de Will Dawbarn)

samedi 4 octobre 2008

Pretty Alaskan Beauty


Ouh la la ! Ca craint pour la colistière du Sénateur Mac Cain, comme l'appelle aux USA. Un chroniqueur télé français disait avant hier fort méchamment que Sarah Palin était la partie poinçonnée du ticket républicain. Les médias américains regorgent d'extraits vidéo montrant sa difficulté à répondre à quelque question spécifique que ce soit, jusqu'au titre des journaux qu'elle prétend lire attentivement.

Nous sommes encore une fois dans l'affichage d'une apparence censée capter telle ou telle fraction de l'électorat US - on voit assez bien lesquelles. Cela peut tout à fait réussir. Comment expliquer autrement que Georges W Bush fût élu, et deux fois ? Je souhaite donc bien du plaisir et beaucoup de patience aux tout puissants conseillers de la Maison blanche pour la rendre présentable en cas d'élection d'un Président de 72 ans.


Apparence pour apparence, on peut faire confiance à l'immense culture cinématographique des américains - dit sans aucune ironie, j'ai pu personnellement à plusieurs reprises faire l'expérience de la réalité de cette culture - pour apprécier ce petit bijou filmique, qui propose un clin d'œil par seconde à peu près. On peut le trouver parmi des milliers d'autres choses inégales, mais certaines vraiment réussies, sur le site CollegeHumor.

Pas vraiment besoin de sous-titres : on aura vite compris le ressort du clip. Il s'appuie sur une déclaration récente de Matt Damon - ardent partisan démocrate - indiquant à quel point la "success story" à la Disney proposé par la "hockey mom" d'Alaska le terrifiait...




En prime, du même site, une reconstitution des bureaux de travail des deux vice-présidents potentiels juste avant leur débat d'avant hier. Je vous laisse deviner lequel est lequel.



jeudi 2 octobre 2008

Grande crise (1) : la recette


Quelle ironie de l'histoire : le XXI° siècle avait commencé avec la chute de l'empire soviétique et la fin de la guerre froide, et voilà qu'il se poursuit en 2008 avec la collectivisation des banques en faillite par... l'Etat fédéral US !


Quelle recette magique a mené là ? Cela vaut la peine de l'écrire. Les dessins sont du canard enchaîné de ce mercredi qui, évidemment, se déchaine pour cette grande occasion.

Les ingrédients
  • une grosse dose d'idéologie ultra libérale à base d' a priori présentés comme définitifs du genre "le marché est capable de s'autoréguler tout seul", "les acteurs économiques sont les seuls légitimes à organiser la société", "le politique est l'auxiliaire subsidiaire des entreprises" etc. etc.
  • une bonne cuillère d'aveuglement basé sur la croyance hasardeuse que le marché immobilier NE BAISSERA JAMAIS et donc que l'immobilier des particuliers peut être gagé sans limite au fur et à mesure de l'augmentation des prix,
  • quelques tonnes de crédits à la consommation à taux progressifs consentis à des ménages dont on sait qu'ils ne pourront pas les rembourser après quelques années,
  • une bonne troupe de courtiers privés vendeurs de prêts et irresponsables, pressés de "faire du chiffre" avant de tout refiler au système bancaire qui les a encouragés,
  • un nappage fantaisie dénommé titrisation permettant de déguiser les crédits pourris en les mélangeant à des créances acceptables
  • une brochette d'agences de notation à disposer sur le nappage, juste pour faire joli (elles n'iront pas sous la surface des choses, rien à craindre) et qui donnent la note maximale à tout ce qui émane de n'importe quelle banque américaine (on est entre nous, n'est-ce pas ?)
La recette
  • Mettre tous les ingrédients dans un pays immensément riche mais fortement inégalitaire, dirigé par la droite libérale la plus réactionnaire depuis longtemps et surtout la plus bête parce que la plus fanatique,
  • Laisser mijoter quelques bonnes années,
  • Et la belle crise que voilà !
A l'évidence, cette crise est essentielle. Elle remet les pendules économiques à la bonne heure et ramène l'ultralibéralisme a ses composants essentiels : le chacun pour soi, l'exploitation des plus démunis, l'irresponsabilité sociale. Du même coup, elle requalifie l'action publique en la relégitimant, après qu'elle fut fustigée pendant des années comme abusive et liberticide. Le libre renard dans le libre poulailler baisse enfin le masque.

La crise traverse l'Atlantique en ce moment, avec des effets atténués compte tenu de la résistance de l'Europe à endosser les modèles économiques US malgré les manoeuvres des grands financiers de chez nous pour les y imposer. Elle se paiera cher pour les plus démunis. Aux Etats-unis d'abord, où tout une catégorie de la population perdra tout ou à peu près : habitation, travail, retraite (puisque le système de capitalisation qui paye les retraites s'effondre en même temps que la bourse). En Europe ensuite, par un taux de chomage accru, lié à l'affaiblissement des avoirs US, qui sont considérables, dans les entreprises européennes. Partant socialement de rien, l'Asie aura tout à gagner de la crise : les conditions économiques de sa main-d'oeuvre lui permettent d'engranger des fortunes à réinvestir là où les USA feront défection. Salariés du privé, il est urgent d'apprendre le chinois ou l'arabe du Golfe pour commencer de discuter avec ses futurs patrons !