samedi 30 janvier 2010

Français, encore un effort (encore)


Que voici un beau gouvernement ! 16 Ministres en tout et pour tout, y inclus la Chef, Angela. Six femmes, dont la même chef. Deux partis représentés seulement : 5 FDP (Libéraux), 11 CDU (démocratie chrétienne), pour refléter l'arithmétique électorale des élections de novembre 2009.

Des portefeuilles simplement nommés et parfaitement compréhensibles : Affaires étrangères, Intérieur, Finances, Economie, Travail, Défense, Justice, Santé, Famille, Education, Transports, Environnement, Agriculture, Coopération et développement.

Que ce gouvernement paraît reposant dans son affichage, à côté de nos 39 ministres (dont le Premier), sous-ministres, hauts-commissaires et tutti quanti, issus de moults partis et groupuscules de tout poil, et aux portefeuilles exotiques et brouillons dans leur appellation. Le blog en a déjà parlé ici. Et encore ne compte-on pas le Président mêle-tout, qui en vaut quelques uns de plus à lui tout seul. Au moins, le Président allemand, lui, ne se mêle que de ce qui le regarde.

Français, encore un effort !



jeudi 28 janvier 2010

Partage de Frère

Information tombée ces temps ci dans les milieux financiers : la Caisse des dépôts et conciliations, bras financier de l'Etat depuis toujours, veut vendre la chaîne franco-belge de fast-food Quick...

Tiens, on avait totalement oublié que Quick appartenait à la Caisse des Dépôts depuis 2006. Et comment est-ce possible ? Comment se fait-il que l'Etat français ait jugé qu'il était absolument stratégique d'investir dans une chaîne de restauration rapide pour un ticket de 730 millions d'Euros ? Pour éviter le retour de Burgerking ?

Et comment se fait-il, en plus, que la vente soit censée rapporter... 800 millions d'Euros alors qu'à l'achat il était prévu une rentabilité de 5% annuellement ?

Question supplémentaire : a qui la caisse des dépôts a-t-elle acheté Quick en 2006 ? Réponse : à Albert Frère. Et enfin, quel est l'ami le plus puissant d'Albert Frère ? Réponse : Un ami en or

PS : Et merci à Sinéhebdo pour le tuyau...


jeudi 21 janvier 2010

Tristes, tristes, tristes tropiques : violente Haïti


Jacques I°, Empereur d'Haïti (1758-1806)

Haïti n'avait vraiment pas besoin de cela : à la violence humaine extrême qui a marqué depuis sa naissance ce pauvre pays s'ajoute depuis le 12 janvier à 16 h 53 mn, heure locale, un des tremblements de terre les plus meurtriers et dévastateurs de l'époque contemporaine.

Un désespoir que ce pays. Mais un désespoir parfaitement explicable et rationalisable. Et pourquoi paraît-il insurmontable depuis que ce pays existe ?

Désespoir rationalisable car on peut en extirper les sordides et toxiques racines : massacre des autochtones caraïbes par les Espagnols, au motif de leur insoumission et de leur refus de travailler pour exploiter les richesses naturelles d'Hispaniola, l'île même où Colomb débarqua le 6 décembre 1492 ; déportation massive d'esclaves d'Afrique par l'abominable commerce triangulaire pour peupler et exploiter l'ïle - qui comptait dix fois plus d'esclaves que de colons à la fin du XVIII° siècle - au bénéfice de la France cette fois ; révoltes d'esclaves, massacres de colons et de métis, qui se termine en 1804 par l'indépendance, phénomène totalement inouï à l'époque, au 1° janvier... puis par le couronnement d'un Empereur (quelle idée !), Jacques 1° le 25 octobre de la même année ; versement à la France de Louis-Philippe, au prix d'immenses efforts, d'une rançon considérable pour que le peuple d'Haïti s'achète le droit à disposer de lui-même...

Et puis au XX° siècle, la suite ininterrompue de dictatures sanglantes ou de gouvernements fantoches instrumentalisés par la puissance régionale proche, devenue entre temps hyperpuissance mondiale. La même qui aujourd'hui largue par hélicoptère des secours aux sinistrés sans discernement, comme dans un pays en guerre.

Empereur d'Haïti sous le nom de Faustin I° de 1852 à 1859

Ouf : non seulement rien n'aura été épargné au peuple d'Haïti, mais en prime, la nature en rajoute en ce début de XXI° siècle.

Rien de très glorieux, pour aucune des ex-puissances coloniales, et tout particulièrement pour la France - Haïti est tout de même resté francophone et son lien historique à la France est plus fort qu'avec aucun autre de ses colonisateurs. Et on sait que le modèle politique français monarcho-élitiste fait d'immenses ravages quand il est plaqué sur les sociétés du tiers-monde, voir plus bas le cynique encadré de la revue Hérodote.

A ce titre, historiquement, les Haïtiens ne sont pas nos lointains cousins misérables de la Caraïbe, ceux qui nous parlent français quand nous avons la chance de visiter New-York, ce sont nos frères, et devraient être considérés comme tels.

Mais la mémoire collective, en France notamment, est lacunaire et sélective : elle préfère valoriser Toussaint Louverture (137 000 mentions dans l'internet français répertorié dans Google) et refouler la vie étonnante de Jean-Jacques Dessalines (1 790 mentions seulement), esclave devenu Jacques 1°, Empereur d'Haïti bien avant un certain Bokassa. Cette vie est résumée sur cette page du site de l'université de Grenoble et vaut largement quelques minutes de lecture.

Enfin, à propos d'Haïti, on pourra saluer la réactivité des contributeurs de Wikipédia. Voici un extrait de l'article Haïti au 21 janvier tôt le matin :


De même, on trouvera d'ores et déjà cet article au sommaire très complet :




Enfin, sur le site historique de référence, Hérodote, ce constat d'actualité qui décoiffe, pour une revue si sage habituellement :


samedi 9 janvier 2010

Copenhague : bonjour tristesse

[Photo repiquée dans la revue Acteurs publics, crédits : Montgomery/Scanpix Suède/SIPA]

Cette photographie du 18 décembre, prise le seul jour où Obama était présent au sommet de Copenhague, arrête le regard. Voici les grands de l'Europe dans un environnement minimaliste, manifestement exténués, surplombés par un Obama somme toute plus frais, qui ne les regarde pas en faisant semblant de s'intéresser à ce que le premier Ministre danois tente de leur raconter. Pas vraiment joyeuse, la petite bande.

Loin du strass, des sourires et des sunlights du pouvoir que l'on sert au bon peuple à l'envi aux journaux de 20 h, cet instantané reflète parfaitement l'un des vrais visages du pouvoir étatique et de la diplomatie réelle : dure, décevante, frustrante, usante, désespérante... Les amis italiens ont une expression pour évoquer ce type de situation : la démocratie de l'impuissance. Belle image.

vendredi 1 janvier 2010