vendredi 15 juillet 2016

Sécurité, proximité



Les 7 et 9 janvier 2015, le 13 novembre, et maintenant le 14 juillet : un nouvel attentat, et dont la date sera malheureusement mémorisée.

Personne ne peut être empêché de "taper dans le tas" s'il le veut, que ce soit avec armes dédiées ou bien avec n'importe quel objet par destination, par exemple, un véhicule.

Il va donc falloir apprendre, collectivement, que la sécurité de tous doit être ré-envisagée, car les déclarations officielles de l'Etat notamment sont inquiétantes, au final.

En somme, si l'on entend nos gouvernants : "Citoyens, pleurez, car l'Etat veille à tout". L'Etat veille à tout, avant, pendant ou, hélas, après la tragédie. C'est un peu court comme réponse.

Mais enfin ! Qui peut croire que tous les agents de la sécurité publique seraient suffire pour assurer, partout, tout le temps, la sécurité de tout un pays de 60 habitants, plus de 80 millions de visiteurs annuels... ? 

Ce discours franco-français parait insupportable. D'autant que les menaces sont lourdes, réelles, inouïes, puisque des organisations - au premier rang les cinglés du pseudo Etat islamique - les rendent parfaitement légitimes au regard d'une religion distordue et malfaisante, et même mieux, les favorisent et les outillent.

La sécurité collective, pourtant et par définition, est une affaire collective concernant chacun d'entre nous, et pas seulement institutionnelle, procédurale et organisationnelle. La sécurité collective est donc aussi une affaire de proximité "horizontale", et pas seulement une démarche traitée verticalement,  par le haut.



Pourquoi en effet les voisins de l'appartement de Saint Denis bien avant les attentats du 13 novembre n'ont-ils rien signalé, alors que témoignages ont parfaitement signalé que les occupants transportaient des armes ?

Pourquoi certains des terroristes ont-ils pu de Paris à Reims hors des radars des organismes concernés, mais certainement pas sous le regard des personnes rencontrées lors du trajet ?

Et ainsi de suite. Et les propositions du rapport relatif aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015 sont également totalement muettes sur ce que l'on pourrait appeler un anti-terrorisme de proximité.



Nous y sommes très loin.

La police de proximité a disparu dès accession de Monsieur Sarkozy au Ministère de l'Intérieur,  sans jamais avoir été ressuscitée, comme s'il fallait s'en méfier : trop proche de la population...

La direction des renseignements généraux fut désorganisée, et la fusion des services de sécurité intérieure dans une DGSI ont éloigné tous les acteurs concernés du renseignement de terrain à la papa. L'observateur des suites des attentats de 2015 et de celui de Nice constate que le renseignement informatique et technologique n'a pas été suffisant.

Celui-ci apporte une montagne d'informations, et parmi lesquelles celles qui concernent sur les attentats, passés ou sans doute futurs. Mais seule l'intelligence humaine peut interpréter et apporter sens à la chaîne de renseignement.

De surcroît et pour l'heure, la DGSI compte en tout et pour tout, pour toutes ses missions et pour l'ensemble du territoire, de 3 200 agents de toute catégorie, et dont les missions ne sont plus orientées vers le contact avec la population et ses représentants. Alors, avec qui faut-il parler s'il faut signaler un fait qu'il faut interpréter ?

Plus généralement, puisque la population française, dans toutes ses composantes, condamne le terrorisme de l'islam extrême, chacun de ses éléments - individu, association, organisme de la société civile, acteur économique - doit être alerté et, le cas échéant, peut et doit jouer un rôle actif dans ce combat.

Encore faut-il envoyer ce message à l'ensemble de la société, le rendre légitime et créer le réceptacle  légal, réglementaire et ordonné des informations pertinentes recelées par chacun.

Plus profondément, que l'Etat prenne confiance dans la société, y inclus sur les questions de sécurité, plutôt que s'en méfier.

Mais nous retrouvons là, dans ce domaine comme sur beaucoup d'autres, une conception dépassée de l'Etat.

A défaut, tant et tant de moyens dédiés ne suffiront jamais.

Et, comme dans tous les autres secteurs de la vie nationale, chaque gouvernant devrait s'interdire le "Je". Ce "Je" est devenu beaucoup trop dangereux.