mardi 27 mai 2008

Que serait la Turquie sans l'Europe...


... et que serait l'Europe sans la Turquie ?

Bernard Guetta, dans sa chronique de ce matin sur France Inter, a raison de dénoncer l'incroyable démagogie et légèreté dont font preuve les dirigeants actuels de notre République à l'égard de la candidature de la Turquie à l'entrée dans l'Union européenne.

Qu'un certain nombre de conditions ne soient pas remplies encore pour l'accepter, cela crève les yeux et personne ne songe à le contester. Mais pour autant, il suffit de quelques secondes bien pensées pour imaginer les dégâts qu'un refus définitif de l'entrée de la Turquie provoqueraient.

Outre le fait qu'une grande partie des racines de ce pays se trouvent de ce côté ci du Bosphore, que la Turquie, comme grande puissance sous-régionale, doive être considérée avec une attention particulière, qu'une grande partie de sa population se reconnaisse dans les valeurs de l'union européenne, quelle solution laisserait-on aux Turcs ? Créer une vaste zone mafieuse avec toutes les républiques turcophones d'Asie centrale pour inonder le reste du monde de drogue et corruption ? Copiner avec l'Irak sur le dos des Kurdes ? Encourager à l'intérieur et sur ses limites sud les fanatismes qui n'attendent que cela ? Désespérer définitivement tous les amis de la démocratie en Turquie ? renoncer définitivement à régler le problème Chypriote, où court l'autre mur qui coupe un pays européen en deux ? Cochez la bonne case, et enfermez vous chez vous vite !

Et si les Grecs, leurs ennemis-voisins de toujours, militent pour cette intégration de la Turquie dans l'Europe des institutions, c'est qu'il doit y avoir de sacrées bonnes raisons à cela, ne croyez vous pas ?

Le plus rageant est que de petits calculs politiciens franchouillards de la plus basse espèce inspirent les positions actuelles de la diplomatie française : Turcs - Arabes, c'est quasiment la même chose, non ? Honteux !



Voici la chronique de Bernard Guetta :

Bernard Guetta

vendredi 23 mai 2008

Mac Cain est-il français ?


On m'envoie ce dessin marrant d'un journal US, publié suite aux étonnantes récentes déclarations du candidat républicain Mac Cain proposant des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique, alors que l'administration républicaine se refusait à toute initiative en la matière jusqu'ici, au nom de la liberté d'entreprendre et du primat de l'économie.

(Titre) Les Républicains apprennent à connaître leur candidat
(Mac Cain à la télé) "Le changement du climat est une menace pour les générations futures"
(L'homme) "Mon Dieu, Mac Cain est communiste !"
(La femme) "ou français !"

et en bas de l'écran, sur le bandeau de FOX NEWS, la chaine d'information US très réactionnaire, on peut lire en commentaire : "Mac Cain se met à croire toutes les sornettes sur le réchauffement climatique..."

lundi 12 mai 2008

Sic transit


L'histoire du flottage du bois venant du Morvan jusque Paris illustre de manière éclatante la contingence des affaires humaines et leur versatilité, si on les rapporte à leur environnement naturel plutôt généreux mais domestiqué, instrumentalisé, commercialisé voire dévasté puis finalement laissé à l'abandon après des transformations souvent irrémédiables.



A la lecture de l'ouvrage, on est frappé du niveau de spécialisation et de codification qu'avaient atteint les techniques de flottage entre le XVI° et le début du XX° siècle - les toutes dernières tentatives de les utiliser remontent à 1940 - pour complètement disparaître, et à jamais, au cours de la deuxième guerre mondiale.


L'auteur ressuscite au passage tout un univers humain, économique, matériel : mouleurs, empileurs, jeteurs, flotteurs, poules d'eau, tireurs, triqueurs, gardes-ports, jurés-compteurs, approcheurs, tordeurs, bachotiers, garnisseurs, meneurs d'eau, gareurs, lacheurs, débardeurs... Une société complète de plusieurs milliers d'humains - femmes et enfants compris - hiérarchisée et codifiée jusque dans ses moindres détails, toute entière tournée vers l'acheminement jusque Paris de cette denrée hyper-stratégique jusqu'à l'arrivée du charbon : le bois, ce pétrole solide et flottant des siècles préindustriels.

Pour la vue et les paysages, il faut imaginer ces torrents d'eau provoqués artificiellement à partir du lac des Settons - créé entièrement à cet effet par le conseil général de l'Yonne au milieu du XIX° siècle sous l'impulsion de la "Compagnie des Intéressés au flottage de la Cure et de ses affluents" - et charriant des millions de bûches de bois - toutes faisant 1.14 m de longueur, ravageant tout sur leur passage. Les bûches sont récupérées en aval par tout un système de barrages pour être assemblées en d'immenses trains de bois de 150 m de long qui mettaient une dizaine de jours à arriver à Bercy pour chauffer ensuite les parisiens.


Il faut imaginer ces amoncellements de bûches bloqués dans la rivière dès qu'un obstacle a surgi, les "embâcles", qu'il faut aller débloquer au péril de sa vie faisant du coup s'effondrer le plancher provisoire et instable sous les pieds des "ouvriers flotteurs" dont c'était le mauvais travail mal payé et souvent mortel.

Il faut imaginer les berges de la rivière entièrement déboisées, occupées par des dizaines de milliers de stères de bois prêtes à être jetées à la rivière dès que les autorités auront déclenché la crue artificielle.

Signe des temps, en ce début du XX° siècle, l'industrie du flottage a été mise en cause, puis définitivement supplantée par l'industrie touristique, qui s'accommodait très mal de ces utilisations fort dangereuses des rivières descendant du Morvan et de l'assèchement régulier des lacs. C'est d'ailleurs peut-être une des toutes premières victoires du tourisme sur l'industrie en Europe.

Sic transit. Le flottage est utilisé de nos jours en Amazonie, au Canada, en Russie et en Afrique.



dimanche 11 mai 2008

And the winner is...

Voici deux couvertures de Time Magazine : celle d'il y a deux semaines, et celle de cette semaine. Comme on dit, y a pas photo !



Puisque nous parlons d'Obama, on peut visionner ici les 15 clips de 30 seconds en sa faveur finalistes du concours "Obama in 30 seconds" lancé par l'association citoyenne US "Move on". Difficile de faire original pour un clip de pure propagande, mais il y en a un ou deux que j'aime bien... Je laisse le visiteur les découvrir avant d'en dire plus.

jeudi 8 mai 2008

Aberrantes fraises

"En attendant" reproduit aujourd'hui cet article de Claude-Marie Vadrot publié sur le site du journal Politis le dimanche 27 avril 2008. Il s'agit de la reprise actualisée d'un article de 2007 qui avait eu un grand succès, et qui lui même reprenait une enquête du WWF. On se le disait bien : nous marchons sur la tête et nous n'en avons pas fini de piller et gaspiller les ressources de la planète.

J'ai lu quelque part qu'un groupe d'européen (des anglais, je crois) avait fait l'expérience de ne se nourrir qu'avec des denrées produites à moins de 150 km de leur lieu d'achat et de consommation et qu'il s'en était très bien sorti . Chiche ?




Fraises espagnoles, un bilan écologique et social catastrophique

D’ici à la mi-juin, la France aura importé d’Espagne plus de 90 000 tonnes de fraises, pour une consommation marchande de 130 000 tonnes. Enfin, si on peut appeler fraise ces gros trucs rouges, encore verts autour de la queue parce que cueillis avant d’être murs, et ressemblant à des tomates ; avec d’ailleurs à peu prés le goût des tomates. Si le seul reproche envers ces « fruits » était leur fadeur, après tout, seuls les consommateurs piégés pourraient se plaindre d’avoir acheté un produit qui se brade actuellement entre 2 et 3 euros le kilo dans les marchés et les grandes surfaces, après avoir parcouru 1 500 kilomètres en camion. A dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 10 000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz d’échappement. Car la quasi-totalité de ces fruits poussent dans le sud de l’Andalousie, sur les limites du parc national de Doñana, près du delta du Guadalquivir, l’une des plus fabuleuses réserves d’oiseaux, migrateurs et nicheurs d’Europe.

Il aura fallu qu’une équipe d’enquêteurs du WWF s’intéresse à la marée montante de cette fraise hors-saison, pour que commence à être révélée l’aberration écologique de cette production qui étouffe la fraise française dont une partie, d’ailleurs, ne pousse pas dans de meilleures conditions écologiques quand elle provient également de serres chauffées. Ce qu’on découvert les envoyés spéciaux du WWF et ce que confirment les écologistes espagnols illustre la mondialisation bon marché.


Cette « agriculture » couvre près de 6 000 hectares dont une bonne centaine empiète déjà en toute illégalité (tolérée) sur le parc national. Officiellement, 60 % seulement de ces cultures sont autorisées ; les autres sont des extensions « sauvages » sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes. Les fraisiers destinés à cette production, bien qu’il s’agisse d’une plante vivace productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner des fraises hors saison, les plants produits in vitro sont enfournés en plein été dans des frigos qui simulent l’hiver pour avancer leur production. A l’automne, la terre sableuse est nettoyée, stérilisée, la microfaune détruite, avec du bromure de méthyl et de la chloropicrine. Le premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la couche d’ozone signée en 1987 (dernier délai en 2005) ; le second, composé de chlore et d’ammoniaque est aussi un poison : il bloque les alvéoles pulmonaires en entraînant de violentes douleurs. Il a longtemps servi de gaz de combat et a été utilisé pour la dernière fois par Ali Hassan Al-Madjid dit Ali le Chimique, au Kurdistan, contre les Chiites et contre les Iraniens pour le régime de Saddam Hussein, ce qui lui a valu l’année dernière une condamnation à la peine de mort…

Qui s’en soucie ? La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient une main d’œuvre marocaine ou roumaine, des saisonniers ou des sans-papiers sous-payés et logés dans des conditions précaires, se réchauffant le soir en brûlant les résidus des serres en plastique qui recouvrent les fraisiers au cœur de l’hiver. Un écolo de la région raconte l’explosion des maladies pulmonaires et de affections de la peau. Les plants poussent sur un autre plastique noir et reçoivent une irrigation goutte à goutte qui transporte les engrais, des pesticides et des fongicides. Pour le lecteur dont l’appétit ne serait pas encore coupé, continuons.

Les cultures sont alimentées en eau par des forages dont la moitié a été installés de façon illégale et dont 80 % tirent plus d’eau qu’ils ne sont autorisés à le faire : en moyenne 4500 m3 par hectare. Ce qui transforme en savane sèche une partie de cette région d’Andalousie, entraîne l’exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu’une trentaine d’individus dans la région. Leur seule nourriture, les lapins, sont en voie de disparition. Comme la forêt, dont 2 000 hectares ont été rasés pour faire place aux fraisiers. La saison est terminée au début du mois de juin. Les cinq mille tonnes de plastiques, le noir et le blanc, sont soit emportés par le vent, soit enfouies n’importe où, soit brûlées sur place. Et les ouvriers agricoles sont priés soit de retourner chez eux, soit de s’exiler ailleurs en Espagne. Pour se faire soigner à leurs frais après avoir respiré les produits nocifs.

La production et l’exportation de la fraise espagnole -l’essentiel étant vendu avant la fin de l’hiver et en avril- représente ce qu’il y a de moins durable comme agriculture et bouleverse ce qui reste dans le public comme notion de saison. Quand la région sera ravagée et la production trop onéreuse, elle sera transférée au Maroc où les industriels espagnols de la « fraise » commencent à s’installer. Avant de venir de Chine d’où sont déjà importés des pommes encore plus traités que les pommes françaises.

Dommage que les consommateurs se laissent prendre, comme ils se laissent prendre aux asperges « primeur » en provenance de la même région et bénéficiant des mêmes soins chimiques. Au lieu d’attendre quelques semaines que les producteurs de proximité offrent les mêmes produits sur des marchés de proximité.

vendredi 2 mai 2008

Flamme olympique : le CIO s'adapte

"Le CIO modifie le parcours de la flamme olympique", dessin du Frankfurter Allgemeine Zeitung
signalé par un ami. Il était temps en effet que les plus hautes autorités sportives prennent des mesures !