samedi 11 décembre 2010

Petite philosophie de l'intempérie



On le sait depuis les travaux d'Henri Laborit, vulgarisés dans le film d'Alain Resnais Mon Oncle d'Amérique, quand une contradiction n'est pas résolue globalement, par le haut, ceux qui en sont victimes ensemble s'incriminent les uns les autres, jusqu'à s'agresser mutuellement voire s'entretuer. C'est l'image de la cage électrifiée dans laquelle les rats se battent entre eux parce qu'ils ne peuvent pas matériellement arrêter les décharges électriques qu'on leur envoie arbitrairement, sans raison aucune.

Cette semaine d'intempérie a permis de constater des comportements analogues : mais que font les pouvoirs publics locaux pour déneiger, de préférence devant chez moi et tout vite pour que je puisse aller au travail sans problème, comme si c'était l'été, s'exclame le citoyen-contribuable. Mais on ne peut pas acheter des dizaines de véhicules anti-neige pour trois jours d'intempéries par an, répondent les pouvoirs publics !

Et si l'on commençait par remarquer que l'allongement des temps de trajet domicile-travail, la désertification des zones rurales, la concentration des entreprises à proximité immédiate des grandes villes dans des zones dédiées, voire en plein centre-ville, l'absence ou l'insuffisance de transports collectifs, la multiplication exponentielle des transports routiers de marchandises étaient les premières causes des naufrages de la route ?

Et si l'on ajoutait le fait que, dans le système actuel, un litre de carburant dépensé dans les embouteillages est doublement bon pour la croissance économique, puisqu'après avoir été acheté, il doit être remplacé sans avoir servi à rien.

Ah oui, pour le cas où vous n'en auriez pas entendu parler aux informations, puisque les grands médias ne parlaient que du temps, pendant que le nord de la France était ainsi bloqué par la neige, le énième sommet pour la Terre se tenait à Cancun, avec son lot de frustrations, d'égoïsmes nationaux et de faux-semblants. Bon dimanche à tous.