mercredi 14 avril 2010

Pologne : 96, France : 0 - du tragique au comique

dessin de Arend Van Dam

Le contraste est saisissant : d'un côté, l'avion présidentiel polonais qui s'écrase en Russie avec 96 personnes à bord, dont une grande majorité d'excellences, alors qu'il était en route pour une grave cérémonie permettant enfin de rétablir la vérité sur le massacre de Katyn, et de tourner une des pages les plus tragiques du XX° siècle. De l'autre, un guignol présidentiel complètement azimuté qui réussit le tour de force de transformer une rumeur anodine en affaire d'Etat. Mais où sommes nous donc ?

Et Carla qui s'y colle, à Europe 1, en balançant une énorme contre-vérité : la pauvre, personne ne lui avait dit que les services de sécurité intérieure avaient été convoqués au chevet de son lit matrimonial ! Imagine-t-on Tante Yvonne, Claude Pompidou, Anémone Giscard d'Estaing, Danièle Mitterrand ou Bernadette Chirac aller vaillamment dans les grands médias couvrir leur époux... ? Alors que leurs maris respectifs ont tous eu affaire à des rumeurs d'autre importance...

La famille Sarko, ça commence à bien faire... , c'est en substance ce que les instituts d'étude de l'opinion recueillent comme matière première en ce moment, selon le Canard enchaîné de ce jour. En effet. Et pour marquer le coup, voici la chronique de Stéphane Guillon de ce lundi, qui propose une synthèse plutôt grinçante des deux informations.

Prenons aussi un peu de distance avec un extrait du Frankfurter Allgemeine Sonntagzeitung de dimanche dernier où le feuilletoniste Nils Minkmar trouve une image assez convaincante de ce qui nous arrive : coincés dans l'ascenseur avec Sarkozy...

(...) Le médium de la rumeur est surtout efficace dans le camp de la droite, où l’on aime les présidents inaccessibles, qui peuvent être admirés tandis qu’ils s’occupent de leurs affaires tout en haut, au sommet de l’Etat, en laissant tranquilles leurs concitoyens. Lesquels ont déjà bien assez d’ennuis comme ça – pas la peine de partager en plus ceux du chef de l’Etat. Quand on s’entretient ces temps-ci avec des policiers et des commerçants en province, ils secouent la tête dès que le nom de Sarkozy est mentionné. Que l’on tombe partout sur des photos de la première dame [en français dans le texte] nue est déjà pénible pour beaucoup de ses partisans. Qu’il ne se maîtrise toujours pas, qu’on le voie tout le temps à la télé, ça énerve aussi. Depuis plusieurs jours, la France a l’impression d’être coincée dans un ascenseur avec Sarkozy (...)

Le titre de l'article est Le Président dans son labyrinthe. On lui souhaite d'en sortir un jour.