dimanche 14 décembre 2008

Manifestations en Grèce : les photos


Et bien non, je n'étais pas en Grèce cette semaine. Ces images datent de l'été 2006, où, à Thessalonique comme un peu partout ailleurs, des manifestations anti mondialisation battaient le pavé.

Manière de rappeler que les Grecs ont la tête près du bonnet, comme on dit, et qu'ils savent résister quand il faut aux pitoyables gouvernements que leur classe politique médiocre leur inflige. Mais ils en vu d'autres, en 25 siècles !

Ce qui arrive ces jours-ci en Grèce est l'illustration parfaite de cette question : comment se fait-il que les jeunes européens ne se révoltent pas plus devant la précarité croissante que leur impose la machine économique, particulièrement dans les pays du sud de l'Europe ?

25% des 16-25 ans en Grèce sont sans emploi ni occupation aucune. Nous sommes en France à 21%, et les chiffres sont comparables en Italie et en Espagne. Et ces pourcentages sont évidemment bien supérieurs dans certains secteurs pour certaines populations.

Qu'on ne se trompe pas : comme en France en 2005, ces manifestations grecques ne sont pas celles de la rupture avec un système économique, mais elles font au contraire exploser, par frustration, le désir d'y être inclus.

Bien sûr, ce sont les entreprises qui créent les emplois, pas les gouvernements, et une grande partie des emplois sont partis ailleurs, ceux restant étant pour une grande partie déqualifiés. Or, le niveau moyen d'enseignement et de culture a grimpé en flèche. Nous voici donc en présence d'une vraie crise de société, nécessitant des adaptations majeures qu'on ne peut laisser au bon vouloir des purs mécanismes du marché, dont l'intérêt égoïste est évidemment de disposer d'un vivier de main d'œuvre hyper qualifiée mais pas chère et taillable à merci.

Voilà qui signe, une fois de plus après la grande crise, la nécessité du retour du politique, en Grèce comme ailleurs. Mais nos sociétés seront-elles capables de faire émerger une génération capable de gérer ce nouveau lien entre politique et économie, loin des vieilles idéologies préfabriquées et désormais inopérantes, mais avec assez de légitimité pour faire en sorte que les richesses existantes se répartissent mieux ?

PS : Je profite de ce message pour souligner le caractère insupportable du fait que les médias français disent "Salonique" au lieu de "Thessalonique" ... Un peu comme si on continuait de désigner Saint Petersbourg par "Leningrad", ou comme si on laissait dire "Nizza" pour "Nice"! Les bons esprits du politiquement correct soulignent que Thessalonique est l'ancien nom de la cité, qui fut re-héllenisé dans les années 1920 après la fin de la présence ottomane de plusieurs siècles etc. (la maison natale de Mustafa Kemal se trouve là), mais les Grecs, membres de l'Union européenne, ont bien dénommé la Ville "Thessalonique," alors pourquoi refuser de l'appeler comme telle ?