dimanche 5 janvier 2020

« Le macronisme est une politique de l’insensible »

Quelle belle et (af)futée définition du "macronisme", présentée par Myriam Revault d’Allonnes dans l'édition du 17 décembre dans le Monde.

(Extrait)

Derrière les discours officiels qui en appellent à la solidarité et à l’universalité, notamment à travers le projet de réforme des retraites, aucun pouvoir n’a assumé avec autant de clarté l’idée que la politique relevait  avant tout d’une gestion calculante, venant en lieu et place d’une réflexion à long terme sur les fins ultimes de la société dans laquelle nous voulons vivre. 

Le processus qui veut que la société soit régie sur le modèle de l’entreprise n’est certes pas nouveau. Il caractérise ce qu’on appelle, faute de mieux, la «rationalité néolibérale» pour qui la politique doit être soumise aux mêmes critères que ceux du management. Ce sont des constats bien connus et sur lesquels il est inutile de revenir. 

A cet égard, le macronisme n’est pas une invention politique, mais l’aboutissement d’un processus de longue durée. Le «nouveau monde» n’a rien de nouveau, si ce n’est la proclamation explicite, non dissimulée, d’un certain nombre d’impératifs étroitement associés à une vision utilitariste du social. 

Et, encore une fois, cette vision utilitariste affecte profondément la manière dont on appréhende les sujets politiques : le nouveau modèle de subjectivation proposé aux individus est celui d’un sujet rationnel, entrepreneur de soi-même, performant, soustrait par le calcul et la prévision aux aléas de la contingence et débarrassé du même coup des déchirements intérieurs, des contradictions et des paradoxes qui font sa richesse. 

A cet égard, le macronisme est une politique de l’insensible.

L'article entier est ici  A garder, car il explique beaucoup de la situation actuelle, et sans doute de la période jusqu'à la fin de ce mandat présidentiel.