dimanche 4 septembre 2011

Fin de règne



Il faudrait écrire quelque chose d'intelligent sur les fins de règne. Monarchistes invétérés habillés en républicains tardivement, les Français connaissent bien ces périodes crépusculaires au cours desquelles la violence des attaques et coups bas sont à la mesure de l'image que le souverain a voulu donner de lui-même, et d'autant plus violents que les faits enfin avoués - sinon avouables - mettent à mal cette image fabriquée  et artificiellement entretenue.

Pour les monarques d'autrefois, ces fins de règne pouvaient être soit très longues - Versailles s'est transformé progressivement en quasi-maison de retraite à mesure que Louis XIV n'en finissait pas de vieillir - soit inconnues ou très courtes, quand un mauvais mal ou un mauvais combat emportait sa Majesté d'un seul coup d'un seul.

En République, au moins, on sait quand le mandat du souverain élu se termine. Et les fins de règne sont donc  prévisibles, sauf accident de type mai 68 ou maladie pompidolienne. 


Nous y voilà à nouveau. Cette fois, le petit roi est bien nu, son entourage ne sait plus le masquer et multiplie les bourdes, illustrant tous les jours de parfaite manière la déconnexion totale du pouvoir et de ses mandants.

En clair, rien ne va et les langues se délient.

Rien ne va : pagaille financière et fiscale, secteur social et services publics d'Etat en miettes, politique industrielle et agricole illisible, sécurité publique et diplomatie en berne - l'épisode libyen, inachevé au demeurant, ne peut masquer les compromissions et complaisances avec tous les dictateurs de la zone, Kadhafi compris... On en passe.

Les langues se délient : on n'aura reculé devant rien pour conforter sa cupidité du pouvoir. Écoutes illégales, pressions invraisemblables sur les responsables de tout poil qui n'ont pour seul défaut que leur conscience personnelle et professionnelle, utilisation de l'appareil d'Etat au profit de sa caste, manipulations de l'opinion, volontarisme insensé, entêtement personnel (le taux réduit de TVA pour les restaurateurs... inutile et coûteuse lubie maintenue envers et contre tout !)... On en passe aussi.

Et nous voici en train de compter les jours, comme les marches d'un escalier qui n'en finit pas de descendre. Et sans être vraiment sûr qu'au bout du bout, tout en bas, on y trouvera un ascenseur tout rose... ou de de noires oubliettes malodorantes.