samedi 14 novembre 2009

On vous l'avait bien dit !



Dans sa pensée politique, Platon, au V° siècle avant JC, hiérarchisait les régimes politiques selon quatre degrés, du plus souhaitable au plus dégradé des régimes. D'abord l'aristocratie fondée sur le mérite et le courage (la Timarchie), puis l'oligarchie, fondée sur l'argent puis la démocratie et enfin la tyrannie. Et il explique par le menu, dans sa République (livre VIII), comme on passe inéluctablement d'une étape à l'autre.

Ne jamais oublier par conséquent que pour Platon, qui en connaissait un bon rayon sur la nature humaine, la démocratie faisait le lit de la tyrannie, et que l'homme démocratie - on pourrait dire le démagogue - devient un jour le tyran.

On ne peut manquer par les temps qui courent de faire quelque analogie...


En attendant, voici ce qu'écrit Platon, notamment (La République, Livre VIII, 566d et suivants, trad. Baccou)

- Examinons maintenant, repris-je, le bonheur de cet homme et de la cité on s'est formé un semblable mortel.
- Parfaitement, dit-il, examinons.
- Dans les premiers jours, il sourit et fait bon accueil à tous ceux qu'il rencontre, déclare qu'il n'est pas un tyran, promet beaucoup en particulier et en public, remet des dettes, partage des terres au peuple et à ses favoris, et affecte d'être doux et affable envers tous, n'est-ce pas?
- II le faut bien, répondit-il.
- Mais quand il s'est débarrassé de ses ennemis du dehors, en traitant avec les uns, en ruinant les autres, et qu'il est tranquille de ce côté, il commence toujours par susciter des guerres, pour que le peuple ait besoin d'un chef.
- C'est naturel.
- Et aussi pour que les citoyens, appauvris par les impôts, soient obligés de songer à leurs besoins quotidiens, et conspirent moins contre lui
- Evidernment.
- Et si certains ont l'esprit trop libre pour lui permettre de commander, il trouve dans la guerre, je pense, un prétexte de les perdre, en les livrant aux coups de l'ennemi. Pour toutes ces raisons, il est inévitable qu'un tyran fomente toujours la guerre.
- Inévitable.
- Mais ce faisant, il se rend de plus en plus odieux aux citoyens.
- Comment non?
- Et n'arrive-t-il pas que, parmi ceux qui ont contribué à son élévation, et qui ont de l'influence, plusieurs parlent librement soit devant lui, soit entre eux, et critiquent ce qui se passe - du moins les plus courageux?
- C'est vraisemblable.
- Il faut donc que le tyran s'en défasse, s'il veut rester le maître, et qu'il en vienne à ne laisser, parmi ses amis comme parmi ses ennemis, aucun homme de quelque valeur.
- C'est évident.
- D'un oeil pénétrant il doit discerner ceux qui ont du courage, de la grandeur d'âme, de la prudence, des richesses; et tel est son bonheur qu'il est réduit, bon gré mal gré, à leur faire la guerre à tous, et à leur tendre des pièges jusqu'à ce qu'il en ait purgé l'État !
- Belle manière de le purger !
- Oui, dis-je, elle est à l'opposé de celle qu'emploient les médecins pour purger le corps; ceux-ci en effet font disparaître ce qu'il y a de mauvais et laissent ce qu'il y a de bon : lui fait le contraire.
- Il y est contraint, s'il veut conserver le pouvoir.
- Le voilà donc lié par une bienheureuse nécessité, qui l'oblige à vivre avec des gens méprisables ou à renoncer à la vie !
- Telle est bien sa situation, dit-il.

Marrant non ?